Église Saint Jean Baptiste de Lens-Lestang, Drôme

« C’est ma deuxième cathédrale ! » aimait à dire Monseigneur Camille Pic, évêque de Valence (de 1932 à 1951; c’est lui qui ordonna diacre l’abbé Pierre en 1937). En arrivant à Lens-Lestang, petit village tout à l’Est de la verdoyante Drôme des Collines, à proximité de Manthes, Moras et Hauterives, en lisière de l’Isère, nous comprenons vite pourquoi. La majestueuse église Saint-Jean-Baptiste, rarement mise en évidence dans les sites remarquables et patrimoniaux de la région (le village est surtout réputé pour la chapelle romane de Châtenay et son pélerinage du 15 août, et pour son Château du Double), domine le paysage lenselois par son impressionnante silhouette, fine et élégante, de style néo-gothique et son clocher, surmonté d’une croix, culminant à 48 mètres.

Construite entre 1892 et 1907, l’église Saint-Jean-Baptiste est un projet initié par le Chanoine Dorey, curé de Lens-Lestang de 1872 à 1913. L’architecte M. Cotte fut chargé de remplacer l’ancienne église (datant XIIe siècle, reconstruite fin XVIIe, démolie en 1912). La première pierre fut posée le 20 mai 1892 par Monseigneur Cotton, évêque de Valence. Sa construction, cependant, fut une tâche difficile. Le sol marécageux engloutit la totalité des fonds initialement prévus, nécessitant des techniques audacieuses et des ressources supplémentaires. Grâce à l’intervention de Monseigneur Fiard, évêque de Montauban et originaire de Lens-Lestang, ainsi que l’aide des Pères Chartreux, des financements supplémentaires furent obtenus. L’ensemble du village, croyants et non-croyants, participa à cet immense projet en fournissant la main d’œuvre et le transport des matériaux. Le clocher fut achevé en 1899 mais il fallut attendre jusqu’à 1907 pour que les finitions intérieures soient complètes et que l’église soit consacrée par Monseigneur Chesnelong le 20 octobre 1907.

En 2024, cette église est l’une des rares à être restée en l’état depuis sa construction et à conserver ses marbres et belles boiseries d’origine, comme sa spectaculaire chaire, ses confessionnaux et ses quatorze stations de chemin de croix. Un orgue ancien y réside également. Elle contribue à perpétrer les ancestraux cultes mariale et johannite de notre territoire. L’église fait désormais partie de la Paroisse Notre Dame de la Valloire qui rassemble 12 communes (23 500 habitants) dont Saint-Rambert-d’Albon.

Les Cloches et leur Histoire
Particularité notoire : l’église Saint Jean-Baptiste abrite trois cloches remarquablement accordées. Quatre ans après la consécration, les deux cloches de l’ancienne église, datant de 1813 et 1822, furent installées dans le nouveau clocher, accompagnées d’un nouveau bourdon coulé par le fondeur campaniste savoyard Paccard (la référence mondiale en matière de cloches d’églises et de carillons). La cérémonie de baptême des cloches eut lieu le 24 septembre 1911, et le bourdon, pesant plus de 1500 kg, reçut le beau prénom de Jean-Baptiste. Les deux anciennes cloches avaient été refondues en 1878 par Guillet, portant une mention de 1666, possiblement en souvenir d’une refonte antérieure.

Un Héritage Séculaire
L’église actuelle remplace une précédente église datant du XIIe siècle, brûlée au XVe siècle, puis reconstruite en 1658 pour être terminée en 1705. En 1912, elle fut démolie, ayant été remplacée par la nouvelle église. En 1923, la commune, bien que pas encore propriétaire de l’édifice, y fit installer une horloge, toujours en fonctionnement aujourd’hui. En 1960, la volée des trois cloches fut automatisée, bien que l’horloge ne soit jamais électrifiée. C’est en 1992 que la commune devint officiellement propriétaire, cédée par la paroisse au franc symbolique. L’ensemble du bâtiment et aujourd’hui parfaitement tenu et fait partie du patrimoine classé du Dauphiné. Avec ses racines profondément ancrées dans la Tradition et le sol de la région, elle demeure un monument de foi chrétienne, de persévérance et de solidarité communautaire exemplaire, et mérite bien évidement sa visite.

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